Je n’ai aucune liberté pour la mobilité.
La maison mobile est une maison sans terre, sans reflet
— le contraire d’une implantation dans laquelle va se résoudre
le lent exercice de mise à plat du soi et de l’autre en soi,
de faire correspondre fonction et représentation imaginaire
du monde. La maison est une bouche qui parle ou un visage
tout entier, une chaussette ou une hotte, un fourre-tout,
un sac à main, une charrette. Trapue, élancée, évanescente,
arrogante ou chichiteuse je dis mobile, travailleuse. Oublieuse :
À quel pays, maison sans terre, appartiens-tu ? Au pays de
la pluie et du vent, me répond la jolie. Que viens-tu chanter là,
petite aventureuse ? Je suis d’un autre cycle que le tien.
Je n’ai pas de réponse pour les origines. Je ne suis que temps
et mouvement et ne fige aucune image dans mes fenêtres.
Et que vois-je dans ton œil si ce n’est mon reflet, fieffée
menteuse ? Aurais-tu aimé voir quelque chose de plus petit ?
Je n’offre pas. J’absorbe et comme mes voisines je range bien
ma cuisine ! Alors la voyageuse tu englouties jusqu’aux
minuscules épingles qui demandent un abri et s’égarent au
moindre désordre dans leur lit ? Ah ! Tu cherches à t’introduire
sous un de mes toits ! Il faudra être plus maligne car point
de boîtes à boîtes pour sauter dedans. Trouver autre chose où
je change de champs ! Mais je chante aussi par moment et
le moment est venu j’ai peur de traverser toute seule la salle
et me trouver ridicule à gesticuler pour trouver la sortie.
Continue de parler et dis-moi qui je suis. Tu me guides à me
chercher. L’air, le dos nu qui se regarde, éventré ! Comment
n’y ai-je pas pensé plus tôt, j’aurais pu vous le dire que c’est
ici entrée de la dissection sexuée par excellence !
Ma maison m’appartient.